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Pouvons nous réaliser ce que le futur nous réserve?
Pouvons nous réaliser ce que le futur nous réserve?
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18 juillet 2009

Chronique des derniers domaines

Peu de gens dans la rue, et pourtant la météo était favorable à une sortie en plein air. Les 48°C que retenait l’atmosphère grisâtre et pesante de la ville de Komph-Zayomi étaient tout à fait supportables pour toute personne éprouvant un besoin insurmontable de respirer l’air naturel dont ils étaient privés de jours durant. A tous les coins de rue des personnes suffoquaient, crachaient de leurs poumons un air que ces derniers n’étaient plus en mesure d’accepter. En lanternant plus longtemps à l’extérieur je ne tarderais pas à ressentir les mêmes complications. L’air de la ville était saturé en dioxyde de carbone et en métaux lourds. La teneur en méthane était des plus inquiétantes. Sans tarder je fis route vers mon appartement. C’était un petit deux-pièces des plus basiques. Un panneau photovoltaïque alimentait tant bien que mal mon petit poste à imagerie numérique. Je retranscris rapidement le niveau de l’eau que remplissait le vieux tonneau étanche qui tenait lieu de réservoir d’eau potable. Celui-ci était surmonté d’un petit filtre à particule qui, lors des rares averses de pluies acides, épurait les quelques litres d’un liquide jaune pour en extraire la ressource hydrique. Quelques rayons solaires parvenaient jusque dans la pièce, ayant bravé des brumes impures de la stratosphère jusqu’aux vitres noircies de l’appartement, tel des obstacles nous séparant de l’astre mère dont nous ne distinguons plus maintenant que le halo de sa lumière. Une aubaine pour le petit bonsaï qui pourra ainsi reprendre ses belles couleurs, car le manque de lumière, qui a été fatal pour de nombreux végétaux depuis la guerre de 2368 ou l’on vis l’atmosphère terrestre s’assombrir, pourrais bien venir à bout de ce minuscule végétal d’une extrême rareté. Je m’appuyai sur mon vieux fauteuil et allumai mon poste. « Mesdames et messieurs bonsoir. Tout de suite les titres de l’actualité pour ce 58 Kator  avec la disparition du dernier spécimen d’éléphant ce matin dans la réserve mondiale de biodiversité du continent africain. L’animal était le dernier représentant de l’ordre des proboscidiens. L’espèce faisait depuis des siècles l’objet d’un intense programme de conservation au niveau mondial, reconnu comme étant le plus gros mammifère terrestre vivant jusqu’à aujourd’hui ...». A ces phrases, ma réaction fut de fondre en larmes. Tout ce que la nature avait bâti était en train de disparaître, la biodiversité, la nature sauvage, l’air pur, tout n’est plus que souvenir dans un monde ou plus rien n’a de sens. Dans ma vielle bibliothèque poussiéreuse se trouvaient les derniers vestiges d’un monde perdu. Un ouvrage s’y trouvant était intitulé « l’encyclopédie du monde animal ». Je me mis à la recherche de la rubrique « éléphantidé », et sous mes yeux défilèrent les feuilles couvertes de ratures d’où s’échappait une odeur de passé. Il était difficile pour moi d’admettre que nous ne reverrons plus jamais ces êtres uniques, et que tout ce qu’il reste sous nos yeux de ce règne dont nous n’avons jamais trouvé trace dans l’univers, ce sont des êtres semblables à nos propre reflet. Les animaux imprimés sur les pages semblaient me dévisager, dans leur regard se lisait la volonté de ressurgir du passé. Plus jamais nous ne pourrons apprécier la majesté d’un lion, la férocité d’un ours, la grâce d’un aigle en chasse…Chaque extinction s’avère m’atteindre au plus profond de mon âme humaine. C’est bon, j’y suis. Un coup de crayon sur ce qui fut le plus grand mammifère terrestre. Seulement une trentaine d’illustrations restaient encore inaltérées, et parmi elles se trouvait un animal qui, lui et lui seul n’est indubitablement pas menacé : le rat. Lui seul a pu tirer parti du cahot que l’homme a installé. Cet animal sera sans aucun doute en finale de la compétition pour le titre de « dernier représentant du règne animal ». Soudain, un cris retentit:

 

« Papy, y’a un rat dans le placard ! »

 

Je pris mon poignard et accouru. Le monstre pris la fuite, traversa la pièce en diagonale et s’empressait d’escalader le mur du fond quand il se figea… « Trop fort papy ! T’as appris ça à la guerre? » Un moment de silence s’était infiltré. Je rétorquai « Ne me parle plus de la guerre, Akhan, je te l’ai déjà dit… ». Le rat vivait toujours et poussait des gémissements aigus. Je m’empressai de l’achever. « Papy, y’a plus de riz ! ». Un bruit de chair tranchée se fit entendre à ce moment là « Sale bête ! » puis avec un soupir de désespoir « Y’a plus qu’a retourner à la Tirga ». La Tirga, c’était la Tirganosphère, un espace clos destiné à l’agriculture et à l’élevage. L’idée qui à d’ailleurs sauvé l’humanité était de confiner sous des serres géante les dernier lopins de terre fertile épargnés par les combats après la guerre de 2368. Les substances ayant été déversées sur le sol terrestre durant la guerre l’ont rendu totalement infertile, et les pluies de bombes on finit par chambarder la plupart des entités terrestre qui avaient survécu aux conséquences du réchauffement climatique. Ces serres ont été bâties dans le but d’y exercer une agriculture durable et ainsi nourrir la population rescapée. L’idée est venue du grand Valdaor Tirganov, maintenant grand despote, vénéré comme étant le sauveur de l’humanité. Les quatre réserves mondiales de biodiversité ou sont conservées les dernières espèces animales et végétales sont des Tirganosphères. L’humanité ainsi que tout ce qu’il reste de la biodiversité dépend de ces Tirgas. « On est arrivé, fiston ! ». C’était la première fois que Akhan m’accompagnait à la serre géante. Il était émerveillé. «C’est trop fort !». A ces mots il finit la gourde d’eau que nous avions emportée. Le bâtiment était gigantesque. L’atmosphère devenue étouffante nous pressa de pénétrer l’édifice. Des vigiles contrôlaient les entrées dans la galerie et des infrastructures de sécurisation avait été installées pour éviter tout risque d’attentat dans le bâtiment de la dernière chance, qui était le symbole de la survie humaine. La moindre complication intérieure à la structure pourrait conduire à l’extinction de notre espèce. Nous pénétrâmes dans le corridor qui menait à la salle de partage des ressources nourricières. C’était un long couloir translucide au travers duquel nous pouvions apercevoir, en contrebas et en dessous du niveau du sol, les exploitations agricoles. Les températures dans les profondeurs sont plus fraîches. De nombreux exploitants s’affairaient dans les cultures. En tranchant à la faucille, en labourant à la charrue, ils employaient des méthodes dignes de nos lointains ancêtres. Et nos pères d’entre-temps, qu’ont-ils eu à leur léguer ? « Regarde, papy, c’est quoi ces bêtes en dessous de nous! ». « Ce sont des cochons, Akhan, ils servent à faire le jambon que nous mangeons.». Nous approchions de l’embouchure du tunnel. On pouvait remarquer à travers les parois que tous les bâtiments étaient fixés au pilier central qui maintenait la voûte de l’édifice. Cette structure centrale servait aussi de réserve d’eau, en récoltant les eaux pluviales qui s’abattaient sur la voûte, qui prenait la forme d’un entonnoir. Nous pénétrâmes dans une salle emplie de clameurs de mécontentement. Une femme criait son désarroi devant le guichet où l’on distribuait les rations alimentaires. On lui répondait « Madame, vous ne pouvez plus solliciter nos services avant 12 jours, votre crédit est révolu » L’ambiance dans la salle n’avait rien de positif. Après une heure et demi d’attente nous étions au bord de la crise de nerfs. Nous quittâmes le bâtiment avec seulement une vielle miche de pain, une douzaine œufs, un morceau de lard, quelques litres de lait et un sachet de pâtes. S’était peu mais cela suffisait pour quelques jours. Nous repartîmes plutôt heureux en direction de nôtre foyer. Ce jour-là le ‘smog’ était plus épais que d’habitude. Nous avions du mal à distinguer le sol. Quelques minutes après être sorti de la Tirga, je commençais à avoir la désagréable impression d’être suivi. C’est à ce moment la que je senti quelque chose s’agripper à ma cheville. Pétrifié de terreur, je stoppai ma marche dans le brouillard. J’entendis alors une voie sourde et suppliante «Pitié, délivrez-moi de se mal qui me ronge… » A ces mots j’eu un élan de terreur. J’agrippai Akhan par la manche et pris la fuite. C’est seulement de retour à l’appartement, à la lumière de la vielle ampoule, que je vis ma cheville gauche et mes chaussures immaculées de sang. Akhan ne s’était aperçu de rien. Je me hâtai donc de me changer. Le soir venu Akhan me demandait pour quelle raison j’avais crié. Je lui répondit seulement que j’avais peur du noir. Puis, pour détourner la conversation mais aussi parce qu’il le fallait, je dis : « Akhan, le temps est venu pour moi de te raconter un peu mon histoire… ».

 

-D’accord, papy. Vas y, raconte. Je veux savoir comment c’était, la guerre.

 

-Bien sur, mais avant je dois te raconter ce qui c’est passé avant la guerre. Comme tu le sais, du haut de mes 96 ans, mes connaissances sur la vie et sur l’histoire de notre civilisation sont bien plus grandes que les tiennes. Comme tu à du l’apprendre durant tes stages de développement intellectuel, la monde dans lequel j’ai vécu avant la guerre n’était en aucun point semblable à celui d’aujourd’hui. La nature vivait encore sous le cycle des saisons, le printemps faisait pousser les feuilles sur les branches des arbres, l’automne les en retirait, l’hiver recouvrait les arbres nus de son manteau de neige, les oiseaux chantaient, les animaux étaient encore globalement libres et abondants sur la surface du globe. Mais depuis son arrivée sur terre il y à environ deux millions d’années, et plus particulièrement à mon époque, l’homme à toujours voulu bouleverser les règles de la nature en imposant les siennes à la place. Lorsque il a découvert des gisements d’énergie fossile, l’homme à rapidement su en tirer profit en inventant des machines consommant ces énergies afin d’aider l’homme à s’installer, à se déplacer plus vite, plus loin, à s’informer, à se divertir, puis à produire toujours plus. L’homme a ainsi créé une société de consommation. Puis un jour il s’est aperçu que toute les transformations avait affecté profondément l’équilibre ce la nature. Les espèces se sont mises à disparaître, le climat s’est mis à se dérégler, les continents on commencé à disparaître sous des océans de plus en plus vastes… Les grands penseurs de toute la planète on tiré la sonnette d’alarme, de nombreuses personnes se sont mobilisées pour tenter d'agir contre le phénomène. Ils voulaient stopper l’hémorragie. Mais les effets furent minimes, le processus était alors enclenché et il était pratiquement impossible de le stopper. La majorité des êtres humains continuaient de consommer sans se soucier de ce qui allait se passer. Certains mêmes voyaient en ces changements une cause non anthropique. En 2368, après de fortes tensions internationales causées par l’épuisement des énergies fossiles, une guerre éclata entre les capitalistes et les communistes. Les affrontements entre les deux cohortes furent d’une violence telle qu’elle anéanti en moins d’un an plus de 94% de la population mondiale. Disparurent aussi une grande partie des espèces animales et végétales, et beaucoup de nos technologies, de nos méthodes de fonctionnement et de fabrications. Je fus de cet affrontement, et comme tout les soldats, j’étais prêt à tuer, à détruire pour gagner cette guerre. J’étais artilleur. J’ai tué beaucoup de gens, j’ai détruis beaucoup de notre monde… Je m’en veux maintenant terriblement, et ma seule raison de vivre aujourd’hui, c’est toi, Akhan. Ta grand-mère est morte durant les combats comme la grande majorité des civils. J’ai pu sauver ta mère et ton oncle, qui lui est mort peu après la fin des combats.

 

-Il ne faut pas t’en vouloir, grand-père, si tu ne l’aurais pas fait, quelqu’un d’autre l’aurai fait à ta place.

 

-Ce n’est pas comme cela qu’il faut voir les choses, Akhan, même si cela parait logique, et même si cela évite des ennuis, il faut voir les choses autrement. Si tout le monde pensait comme toi, personne ne serait responsable, mais le problème c’est que dans une guerre il y a toujours des responsables, et ce sont ceux qui on tué, détruit ou commandé de le faire… Tous les anciens combattant de 2368 sont de ceux-là…

 

Le lendemain matin, en déjeunant tranquillement devant le canal numérique de Kromph-Zayomi qui divulgais les nouvelles du jour, un sursaut me fit renverser le verre de lait que je tenais à la main quand on communiqua l’information « C’est ce matin aux alentours de huit heure que deux habitants de Kromph-Zayomi ont découvert, en se rendant à la Tirganosphère, le corps de deux hommes, l’un d’eux n’a pu être identifié à cause des nombreuses lacérations sur le visage. Le deuxième à été retrouvé éviscéré et les membres inférieurs déchiquetés. Nous ne nous prononcerons pas formellement sur ce qui pourrait être la cause de cette mort atroce mais des traces de mâchoires ont été découvertes et sont analysées. Elles pourraient appartenir, selon certains spécialistes, à un spécimen de rat particulièrement massif. Aucun autre suspect sur la liste pour le moment, car le rat est officiellement la dernière espèce de vertébré terrestre à sillonner notre planète à l’état sauvage, et aucun être humain ne pourrait être tenu pour responsable d'un tel carnage… » Je décidai de ne pas parler de cette histoire à Akhan.

 

Cinq jours s’étaient écoulés depuis l’annonce de la nouvelle. Désormais, plus personne ne sortait de chez lui sans être armé au préalable d’un couteau. Les quelques audacieux sillonnant les rues se faisaient de plus en plus rares. Trois nouveaux cadavres ont étés retrouvés depuis, pareillement massacrés. Bien assez pour provoquer l’anxiété dans la cité toute entière. Je faisait parti des quelques téméraires qui se partageaient les ruelles de Kromph-Zayomi. C’était le jour de l’anniversaire de Akhan. Je sillonnais les quelques boutiques de la ville dans l’espoir de lui trouver quelque chose à son goût. La surprise se lisait sur le visage des marchands lors de mon entrée dans chaque magasin. Peu de personnes pénétraient encore les boutiques par l’extérieur des bâtiments car de nombreux couloirs de liaisons internes permettaient de circuler dans toute la ville sans avoir à mettre le nez dehors. Le premier boutiquier qui me reçu fut un antiquaire. Sur de vielles étagères se trouvait toute sortes d’objets de l’ancienne époque : des livres, des ordinateurs, des appareils photo, d’anciens téléviseurs à écran plasma ou cristaux liquide, et même une voiture à essence et quelques autres engins motorisés. Je pris à Akhan une console multimédia en état de marche et quelques jeux vidéo… Le seul passe-temps amusant dans un monde ou plus rien n’est beau, plus rien ne vit. Les joueurs avaient, en s’imprégnant dans le jeu, le sentiment de quitter leur monde, parfois même ils déchaînaient leur colère sur ceux qui ont détruit leur époque et anéanti leur éden, dans des jeux de guerre et de combat. Pour le retour, je choisis de cheminer par l’intérieur, en raison d’un brouillard épais qui venait de s’installer sur la ville. La route était plus longue en empruntant cette voie, mais bien plus sûre. L’hiver arrivait, la température avait baissé de 36°C en deux jours, ce qui n’avait pas manqué de fragiliser les plus fébriles. La foule se pressait dans la ruelle intérieure. La tête basse, le corps emmitouflé dans de vielles laines, le peuple n’attendait que le retour au foyer, le poste à imagerie, le regard des siens, et n’espérait qu’une nuit emplie d’amour et de songes pour pouvoir s’éloigner de la fatalité du quotidiens et peu être entrevoir et sillonner un monde pur bâti de toutes pièces par leurs espérances. Une rumeur commençait à se répandre dans la ville. Je la surpris dans une conversation entre deux hommes qui marchaient à mes côtés « T’a entendus à ce qui parait y’a des tas de maladies infectieuses qui ont refait surface à cause du froid. Pour certaines d’entre-elles y’aurais plus de traitement maintenant, on aurait perdu la souche des vaccins pendant la guerre… » Cette discutions me laissa songeur. De retour à la maison, les paroles se confirmaient sur l’écran d’imagerie. L’alerte rouge venait d’être installée. Plusieurs maladies infectieuses venaient de se déclarer subitement le jour même. « Akhan, viens ici, j’ai quelque chose à te donner.» Mon petit-fils ne se fit pas attendre, il surgit de la pièce voisine qui lui servait de chambre autant qu’à moi. « C’est pour toi Akhan, joyeux anniversaire fiston ! » Le gamin était heureux. C’était un de mes derniers plaisirs de voir ses yeux briller d’amour pour son grand père.

 

Deux semaines plus tard, l’humanité était décimée de moitié par des maladies que l’on croyait disparues. Le cannibalisme qui était la raison de nombreux meurtre prenait une ampleur inestimable. Quelques mois plus tard la vague épidémiologique stoppa net. . Tout ceux qui n’avaient pas vécu l’avant-guerre n’avais jamais étés vaccinés, et j’étais le dernier à l’avoir vécue…Je suis à ce jour le dernier homme sur cette Terre avec Akhan, et je consigne la mémoire d’un homme, ce qu'il reste de la mémoire de tous les hommes. La nature a voulu nous éliminer, elle a livré bataille et en est ressortie affaiblie, mais elle puisera dans cette victoire la force qui lui sera nécessaire pour s’épanouir à nouveau. Les rat ont bel et biens gagné la bataille …

 

Akhan, qu’a tu à dormir depuis temps de nuits et temps de jours… Ton visage s’est creusé, tes membres on séché, tu à le visage de la mort… Ai'je perdu la raison ? Akhan! Akhan! Dois-je admettre l’idée de t’avoir perdu ? D’avoir tout perdu…

 

Kronh

 

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Commentaires
M
Bien écrit et très clairvoyant, hélas... :-(<br /> <br /> Cordialement, Anna
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